After all Springville de Miet Warlop
After all Springville de Miet Warlop
Auriane Briere
Ridicule et incompréhension sont les caractéristiques premières du spectacle qui a eu lieu en mars 2023 à l’hippodrome de Douai.
After All Springville est une pièce de théâtre mise en scène par Miet Warlop qui met en avant l’importance du corps, entier ou non, et sa perception sur un plateau de théâtre.
Miet Warlop est une plasticienne et performeuse belge qui travaille sur la performance depuis le début du XXIe siècle. Elle est à l’origine de sept créations théâtrales. Elle revisite Springville, qui est sa première, et crée ensuite After All Springville. La plus récente de ses œuvres, One Song, a été présentée au Festival d’Avignon en 2022.
After All Springville est une mise en scène permettant de mettre en image le point de vue d’étudiants au lendemain d’une soirée qui aurait été un peu trop alcoolisée.
Miet Warlop s’inspire de manière générale des films muets de l’époque de Charlie Chaplin et Buster Keaton. Sa fascination pour les objets la pousse à créer autour d’eux. La principale question qui se pose à nous concerne alors la place du corps par rapport à la primordialité des objets dans ses créations.
After All Springville, de quoi ça parle ? Au premier abord, on ne sait pas. Une maison de carton nous attend sur scène alors qu’un compteur électrique doté de jambes humaines gonfle un ballon. Voilà comment commence l’expérience.
À partir du moment où un homme saute par la fenêtre pour arriver sur scène, l’histoire part en vrille. Un bout de maison et une table débarquent sur scène en plus du compteur. Par la suite, un homme géant arrive, court, s’étire et parle un langage incompréhensible. C’est une vraie pagaille sur le plateau. Au bout de quelques minutes, le compteur perd la « tête ». Il éternue et disjoncte. Peu de temps après, il tombe à terre. Le grand homme panique et se fait absorber par la maison. Il ne ressort de lui que ses jambes. Quelque temps après, le bout de carton s’ouvre, caresse la table et la garnit. Mais de la même manière que le compteur électrique, il tombe à la renverse. Il ne faut pas longtemps à la table pour subir le même sort. Ainsi, ils se retrouvent tous en état de mort, posés sur le plateau. Ces évènements sonnent la fin du rêve. Une fumée blanche sort de la maison et envahit la scène. Cette dernière s’ouvre en deux sous le poids et la place que prennent les tuyaux de plastique qui se déploient et se gonflent pour envahir non seulement l’espace de jeu, mais aussi celui du public.
Dans After All Springville, le son et la lumière n’ont pas une grande importance. Dès que le public est invité à entrer dans la salle, la lumière éclaire la scène et laisse apparaître le décor. Cette lumière ne s’éteindra jamais. Une même ambiance lumineuse envahit la salle du début à la fin de la représentation. Il n’y a aucun jeu, ni aucune extinction. Il est possible de voir tout ce qui se passe sur le plateau et les comédiens peuvent également nous apercevoir.
Il en va de même pour le son. Aucun son artificiel ne se fait entendre sur le déroulé du spectacle. Aucun bruit mis à part les bruitages fait par les personnages eux mêmes, comme les chaussures sur le sol, le langage incompréhensible du géant, le dépliage du plastique qui se gonfle… La seule musique qu’il est possible d’entendre, c’est celle du livre que lit l’homme. Il s’agit d’une sorte de carte musicale géante qui s’allume quand on l’ouvre.
Cette pièce qui dure 45 minutes vaut le détour. Présentée comme destinée aux enfants, nous pouvons vite nous rendre compte qu’un message est aussi adressé aux plus grands. Cette question de boisson et de conséquences est intéressante à analyser. Très vite, les différents personnages sont présentés ou expédiés sur scène. Tout n’est pas compréhensible dès le début si certaines informations ne sont pas communiquées. Mais After All Springville est une représentation humoristique et pourtant révélatrice de faits avérés.

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