Le passé colonial français : ignoré mais loin d’être oublié.
Sœurs, lecture-spectacle par la compagnie "Lumière d’Août"
“Nier le passé postcolonial a pour conséquence d’imposer aux groupes minorisés et racisés la responsabilité supplémentaire de prouver un fait d’histoire” affirme Jason Allen-Paisant dans l’article Qu’est-ce qu’un théâtre post-colonial ?” représente une génération de metteur.se en scène marquée par l’idéologie colonialiste française. Ils essaieront de mettre en avant ses dures conséquences en se mettant évidemment en opposition à l’ignorance hypocrite de l’Etat français.
Selon moi, ce sont des arbres généalogiques entiers qui ont été bousculés par la colonisation. Ces événements ont touché leurs parents, leurs grand-parents, et eux-mêmes par les souffrances engendrées. Soeurs est la création de la compagnie Lumières d'Août ; C’est une compagnie d’auteur.rices créée en 2004 et qui selon moi, fait entièrement partie du théâtre postcolonial. Elle met en scène le rapport aux territoires, aux racines, la famille ainsi iels entreprennent un travail de recherche et d’élaboration de récits sur leurs ancêtres. Marine Bachelot Nguyen fait commande de textes auprès de deux autres autrices : Penda Diouf et Karima El Kharraze. L’une après l'autre, vont prendre place dans la lecture-spectacle. La lecture-spectacle propose le récit de plusieurs histoires fictives tissées autour du vécu des auteur.ices.Le premier texte est lu par Marine Bachelot Nguyen, qui est donc autrice mais aussi metteuse en scène au sein de la compagnie Lumière d'Août.
Dans son écriture, elle explore le lien entre la fiction et le documentaire, le corps et la politique, ainsi que le post coloniale et le féminisme. Elle a déjà publié des textes qui ont pour certains étaient mis en scène au théâtre ou dans la danse. Ses textes sont souvent en lien avec l’histoire coloniale du Vietnam et Deux Soeurs ne sera pas l’exception de son répertoire. C’est un texte publié dans le recueil Basta ! (2018) qui racontent l'histoire des grands-mères de Marina. L’autrice se base sur la vraie histoire de sa grand-mère qui a vécu la guerre du Vietnam mais sur un ton humoristique se laisse divaguer vers des versions utopistes de son histoire. Elle imagine notamment que ses grand-mères créent une armée de femmes pour aller au front, ou encore qu’elle aille fièrement couper la tête de Johnson le président étatsunien. Puis revient rapidement à la réalité de la guerre et des souffrances puisqu’elle y perd toute sa famille sauf sa grand-mère qui viendra en France pour offrir une vie plus digne à son enfant.
Le premier texte est lu par Marine Bachelot Nguyen, qui est donc autrice mais aussi metteuse en scène au sein de la compagnie Lumière d'Août. Dans son écriture, elle explore le lien entre la fiction et le documentaire, le corps et la politique, ainsi que le post coloniale et le féminisme. Elle a déjà publié des textes qui ont pour certains étaient mis en scène au théâtre ou dans la danse. Ses textes sont souvent en lien avec l’histoire coloniale du Vietnam et Deux Soeurs ne sera pas l’exception de son répertoire. C’est un texte publié dans le recueil Basta ! (2018) qui racontent l'histoire des grands-mères de Marina. L’autrice se base sur la vraie histoire de sa grand-mère qui a vécu la guerre du Vietnam mais sur un ton humoristique se laisse divaguer vers des versions utopistes de son histoire. Elle imagine notamment que ses grand-mères créent une armée de femmes pour aller au front, ou encore qu’elle aille fièrement couper la tête de Johnson le président étatsunien. Puis revient rapidement à la réalité de la guerre et des souffrances puisqu’elle y perd toute sa famille sauf sa grand-mère qui viendra en France pour offrir une vie plus digne à son enfant.
Ce spectacle, comme la plupart des créations du théâtre postcolonial, nous aide à prendre conscience, et surtout, à ne pas oublier les souffrances subies et les discriminations qui continuent à l’être.
Tout comme Marine Bachelot Nguyen, Penda Diouf traitera de colonialisme, et de féminisme, mais aussi des questions d’identité, de l’oppression, du patriarcat. Les questions d’identité sont très présentes dans son texte, en parallèle à la question des racines. Dans Sutures, elle introduit sa lecture avec des images crues ; Effectivement, Penda est née en France et grandit avec une image occidentalisée de la Côte d’Ivoire d’où sa famille tient ses origines. Une image d'enfants noir.es affamé.es portant des vêtements déchirés et jaunis par la saleté, en résumé une image très stéréotypés que nous connaissons tous.tes et qui lui vient des documentaires M6. Et elle se pose la question de la représentation : est-ce dans cela que les personnes racisées doivent se reconnaître ? Et les enfants comme Penda qui voient cela pour la première fois, comment peuvent-ils traiter cette image dans laquelle on les range ? Elle nous parle notamment du racisme qu’elle subissait à l’école. Notamment par rapport à son nez, elle a un souvenir très marquants des autres enfants à l’école, qui par curiosité n'hésitaient pas à aller toucher son nez et ses cheveux. D’où la question de la représentation dès le plus jeune âge dans les médias de jeune public qu’on oublie trop souvent, ou qu’on ne trouve pas si important. Cette représentation pour les enfants est cependant fatidique pour leur construction et pour l’acceptation de la différence.
Depuis Arables, son spectacle mis en scène en 2013 mais aussi adapté en webdocumentaire par Hélène Harder, Karima El Kharraze se questionne sur les liens historiques des quartiers périphériques en France et au Maroc. Avec son texte La sacoche et l’invaincue, elle nous emmène une fois de plus dans son enfance et nous raconte l'histoire de cette sacoche qui appartenait à son grand-père et dont elle a héritée. Cette sacoche contient aussi les papiers militaires de celui-ci. Pendant les vacances d’été, elle retourne dans la maison de ses grand-parents, mais Karima remarque sa disparition et tenta d’avoir des réponses auprès de sa tante qui semble avoir jetée la sacoche. Cette histoire démontre une réelle cruauté liée à la souffrance de la perte d’un proche pendant les guerres coloniales. Même plusieurs générations plus tard, la souffrance se fait dans le silence et l’acceptation. Mais ce n'est pas ce qu’à décider de faire les acteur.rices du théâtre postcolonial qui participent à la mémoire de ceux-ci.


Commentaires
Enregistrer un commentaire