Words… Words… Words…, La vie de Léo Ferret - Ubaye Khadir

  Le samedi 1er Avril 2023 à la salle des fêtes de La Couture, la pièce Words… Words… Words… a été représentée. C’est une pièce mise en scène par Cédric Gourmelon qui est metteur en scène et comédien, qui a pour principales inspirations les textes d’auteurs contemporains, et met donc en scène depuis 2004 Words… Words… Words… qui parle de la vie de Léo Ferré, ancien compositeur français. Dans sa note d’intention, Cédric Gourmelon précise que Léo Ferré est à la fois le poète, le chanteur et le musicien qu’il aime et qu’il souhaite continuer à faire découvrir. Le texte a été joué par Baptiste Amann qui était le seul comédien sur scène.

  

     Tout d’abord, la mise en scène est très simple, à droite de la scène se trouve un piano sur lequel nous trouvons des cigarettes et une bouteille d’eau, nous avons également un tabouret près du piano. Au centre de la scène, nous avons un micro et derrière la scène nous avons un drapeau noir presque caché. Le spectacle commence par Baptiste Amann qui se dirige vers le piano et qui parle aux spectateurs, il nous cite une succession de phrases dites de manière calme, il se dirige vers le micro où il parle toujours et cite des phrases qui sont tirées de Léo Ferré. Cependant, il cite les phrases dans un ton plus agressif où il semble être pris par la rage et exprime son mépris de la société, les citations de Léo Ferré concernent sa vie, son enfance, sa famille et ce qu’il pense du monde dans lequel il vit. Quand Baptiste Amann parle, il parle avec plusieurs tons de voix qui sont extrêmes, c’est-à-dire qu’il est soit très calme ou énervé, et on sent que les mots ont un sens et qu’elles sont les sentiments de sa diction de son point de vue personnel, et ce que voulait dire Léo Ferré, et c’est le cas aussi de la langue où soit nous avons un vocabulaire soutenu qui est propre à l’époque de Léo Ferré, soit un vocabulaire familier qui est proche du public, un vocabulaire actuel avec plusieurs insultes. Plusieurs déplacements sont faits de la part de Baptiste Amann, c’est le cas de manière répétitive entre le piano et le micro où on le voit prendre son temps, il réussit à exprimer les personnages évoqués dans les textes qu’il lit avec des récits, des imitations, les déplacements entraînent la rage et la conviction. Dans ses déplacements, on le voit plusieurs fois traverser la scène qui est relativement petite, il veut nous mettre à l’aise et on sent un côté intime qui émane de sa part, jusqu’à même à être au bord du plateau, être avec nous le public, ce qui nous rapproche de la vie d’un homme et de son intimité, il boit et fume devant nous, comme si il connaissait le public. Concernant les lumières, elles changent au fur et à mesure de la représentation, il n’y a pas de lumières définies ou une régularité dans le choix. Cependant, on retrouve des idées intéressantes dans la mise en scène où le jeu d’ombre est utilisé avec le drapeau noir du décor pour représenter l’anarchie, où le drapeau est vu sur le mur, on voit que l’utilisation de chaque éléments est pris en compte pour pouvoir nous proposer une œuvre riche, que ça soit dans les textes ou sur scène avec plusieurs effets qui sont recherchés pour nous captiver. De plus, la musique est aussi présente, on peut entendre des échos qui nous montrent le côté chaotique des citations où une atmosphère de peur et de terreur règne. L’objectif est que le spectateur soit vraiment dans une intimité, face à un homme seul et comprendre ce qu’il veut, le spectacle se finit sur les mots « Words… Words… Words… », toujours dit de manière chaotique.

La proposition scénique de Cédric Gourmelon est assez atypique et réussie, puisque la représentation se déroule dans une salle des fêtes, où l’espace scénique est assez restreint, mais ça rajoute un charme puisque nous étions 11 dans le public et on s'adressait à nous de manière personnelle. Baptiste Amann était seul, et il a réussi à proposer une interprétation moderne de ce qu’a voulu retranscrire Léo Ferré il y a plusieurs années, et nous apporter des moments d’humour et de colère à lui seul sur le plateau.

Words… Words… Words… propose alors dans un contexte particulier la vie d’un artiste mais pas seulement, la vie d’un homme qui avait des choses à dire plusieurs années, de manière simple et compréhensible. D’un artiste que l’on connaît pas forcément et qui nous retranscrit des émotions fortes.